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Numéro 550

Vendredi 7 octobre 2022

Edito

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Stéphane Babey

Une verveine et Ueli !

Après quatorze ans au Conseil fédéral, l’UDC Ueli Maurer tire sa révérence. Il restera un exemple pour la jeunesse. Grâce à lui, et à de nombreux autres politiciens de son calibre qui ont avant lui usé les fauteuils en cuir du gouvernement, les enfants savent qu’en Suisse n’importe qui peut accéder à la fonction suprême de son pays. Sans même spécialement travailler à l’école. Sans connaître les langues nationales. Sans parler anglais. Sans posséder de connaissances particulières utiles au poste. Sans être en prise avec son temps ou avec la réalité.

En Suisse, on peut rester ministre même si on ridiculise son pays sur la scène internationale, même si on accumule les remarques sexistes dignes des âges ancestraux, même si on est incapable d’accomplir quoi que ce soit, même si on propage des fariboles complotistes qui vont à l’encontre du message du gouvernement. C’est un formidable message d’espoir pour tous les cancres et les médiocres : il y a peut-être une place pour eux au Conseil fédéral.

Avec son gros bon sens terrien, Ueli Maurer est perçu comme un chic type. On ne s’étonne même pas lorsque, annonçant sa démission, le plus grand motif de satisfaction dont il se prévaut est de ne pas pouvoir marcher de la gare de Berne jusqu’au Palais fédéral sans être sollicité pour au moins vingt selfies. A défaut d’un bilan politique solide, autant se vanter d’être populaire. Les jeunes qui désirent être connus sans savoir rien faire vont forcément rêver d’une carrière similaire. Comme la téléréalité, le Conseil fédéral peut offrir la gloire à n’importe qui. Mais le second est supérieur à la première, car il n’y a même pas besoin d’arborer des gros seins ou des tatouages.

Remercions Ueli Maurer d’offrir ainsi des perspectives d’avenir à toute une génération de sous-doués. Il peut maintenant prendre un repos bien mérité après ce service rendu à la patrie. Allez, une verveine et Ueli !

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