Haïr au lieu d’agir

A un an du renouvellement des Chambres fédérales, les résultats du baromètre électoral publié la semaine passée par la SSR ne manquent pas d’étonner. Le dérèglement climatique y apparaît, et de très loin, comme le premier sujet de préoccupation des Suisses. Formidable ! Le public est donc sensible aux avertissements des scientifiques et aux rapports alarmistes du GIEC ! Ça va enfin bouger !

Sauf que non. Parce que les intentions de vote, elles, ne bougent quasi pas. C’est toujours l’UDC qui écrase tous les autres partis. L’UDC qui, il y a encore très peu de temps, niait le réchauffement. Aujourd’hui, le premier parti de Suisse l’admet du bout du lèvres mais n’envisage pas de faire quoi que ce soit. A la place, il semble urgent au parti de Blocher de s’attaquer à la problématique des transsexuels, présentés comme le nouveau Satan aux côtés des écolos et de la gauche en général. Une stratégie directement copiée sur le trumpisme et le bolsonarisme, 100 % opportuniste et 0 % adéquate.

Les Verts n’arrivent qu’en cinquième position et reculent même, tandis que les Vert’libéraux sont sixièmes, en légère progression. Forcément : les premiers promettent des sacrifices difficiles pour lutter contre l’extinction, tandis que les seconds envisagent d’arriver au même résultat en ne changeant pas grand-chose à notre mode de vie. On ne va quand même pas voter pour des oiseaux de mauvais augure ! Au passage, l’UDC va encore plus loin, annonçant carrément que si on a froid cet hiver, ce sera à cause des Verts… Quitte à raconter n’importe quoi, autant y aller à fond.

Donc voilà, les Suisses angoissent à mort pour la fin du monde, ça les empêche de dormir, ils ont mauvaise conscience. Mais ils n’envisagent absolument pas de faire quoi que ce soit pour remédier au problème. C’est ballot. Heureusement, il restera toujours suffisamment d’autres personnes à haïr (minorités sexuelles, étrangers, femmes, gauchistes, etc.) pour se distraire et penser à autre chose. Le cerveau humain est quand même bien fait !