Vendredi 11 novembre 2022
Edito
Séverine André
Vacance d’automne
Depuis que Simonetta Sommaruga, à la suite d’Ueli Maurer, a annoncé sa décision de quitter le gouvernement, le peuple suisse erre comme 8,7 millions d’âmes en peine, exhibant alentour sa grise mine d’orphelin.
Alors ! qu’est-ce que c’est que ces manières ? Un peu de tenue, que diable ! Songez une seconde aux nations qui, faute d’un système démocratique digne de ce nom, sont abandonnées aux caprices vestimentaires de fanatiques religieux ! A celles qui, écartelées jusqu’à l’absurde, se trouvent gouvernées par une marionnette si terne et si flapie qu’il ne viendrait à l’idée de personne de glisser sa main dedans. Aux nations dont les dirigeants, tandis que leur épouse tente de retrouver sa silhouette de jeune fille, s’évertuent à récupérer les frontières de l’Empire de leurs glorieux ancêtres. A celles qui, gouvernées par des paranoïaques populistes, entrevoient dans la question trans et dans l’émancipation des femmes la cause de tous leurs maux passés, présents et à venir.
Aux nations qui, ballottées de famille d’accueil en famille d’accueil, se trouvent recueillies en bout de course par un milliardaire Indien qui ne demande qu’à faire mumuse avant d’avoir son rejeton à lui. Ou pire encore, aux nations qui n’ont pas de gouvernement du tout !
Enfants gâtés que nous sommes, nous ne mesurons plus notre chance d’avoir auprès de nous cinq parents bienveillants. Papa Guy, toujours partant pour nous faire réviser les langues, « mais plutôt le français ». Papa Alain, qui surveille que nos vaccins soient à jour. Maman Karin, qui s’assure qu’aucun jeune issu de l’immigration ne nous embête à la sortie de l’école. Maman Viola, la nourricière un peu foutraque qui, pour nous faire avaler de gros avions, n’hésite jamais à imiter le bruit de la sousoupe avec sa grosse cuillère. Et que dire de papa Ignazio, qui nous rappelle chaque jour que même maladroit, même défaillant, un président, comme un parent, nous aime pour toujours ?