Vendredi 9 décembre 2022
Edito
Laurent Flutsch
Beaucoup de boulvari pour rien
Il semble qu’il se soit passé des choses cette semaine. Des choses importantes pour la Suisse, du moins si l’on en juge par la très grande agitation des journalistes, qui en ont fait tout un boulvari. Un quoi ? Un boulvari : c’est un joli mot un peu désuet qui signifie en gros « tumulte, boucan, désordre ». Sinon, « charivari » et « tohu-bohu » sont de bien jolis mots aussi. Mais bref.
Où en étions-nous ? Ah oui, des choses importantes pour la Suisse. Elles se seraient produites au Qatar mardi et à Berne le lendemain. Dans les deux cas, si l’on a bien compris, il a été procédé à des changements. C’est-à-dire qu’à un moment donné, des individus à bout de souffle ont été retirés du terrain d’action et remplacés par d’autres plus frais, en nombre équivalent. Ça paraît plutôt sensé, comme idée.
Mais en quoi est-ce donc si important ? Et de quel genre d’action parle-t-on, au juste ? A Berne, on a entendu dire que les protagonistes évacués et ceux qui ont pris leur place se situent aux deux extrémités de l’échiquier, et ce mot-là n’est sans doute pas choisi au hasard : il doit s’agir avant tout d’une histoire de pions, et d’échecs. Au Qatar en revanche, la substitution de personnes avait pour but, semble-t-il, d’infléchir le cours des choses ou tout au moins de les faire avancer dans la bonne direction, en vue d’atteindre un objectif déterminé et probablement ambitieux.
Dans un cas comme dans l’autre, l’opération de changement est intervenue dans un contexte fortement dominé par la finance, dès lors éloigné des vraies réalités du monde, détaché des enjeux vitaux et des principes éthiques, dédaigneux des urgences environnementales et des tragédies humaines. Reste tout de même une distinction fondamentale : au Qatar, le fait de remplacer des individus par d’autres individus avait, du moins en théorie, une chance d’être gagnant.