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Numéro 561

Vendredi 13 janvier 2023

Edito

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Sebastian Dieguez

Carnaval de rigolos

L’extrême droite est toujours très décevante. A entendre ses partisans, on penserait qu’elle s’efforce de rétablir l’ordre, respecter l’autorité, prendre ses responsabilités et redonner une direction triomphale à la destinée héroïque des origines pures et glorieuses du peuple vertueux. Au lieu de cela, on obtient systématiquement une bande de (mauvais) perdants qui casse tout sur son passage et repart en pleurnichant sans rien ranger.

Hier à Washington, aujourd’hui à Brasilia, le mot d’ordre de ces tocards semble être la déprédation hargneuse et criminelle. Pour eux, seul un complot diabolique peut expliquer leur défaite : pas leur incompétence, pas leur nullité, pas leur haine, pas leur connerie et surtout pas l’existence d’une majorité qui en a soupé de leurs délires fascistes. Non, nous sommes le peuple, donc si le peuple vote contre nous, c’est bien la preuve que les élections sont truquées ! Avec ce raisonnement infantile, nul doute que ces révolutionnaires de bac à sable s’habituent à envisager le saccage comme mode de gouvernement. Demain l’Elysée ? Le Bundestag ? Le Palais fédéral ? Pas contents, donc tout casser : ce n’est peut-être pas très sophistiqué comme philosophie, mais au moins ça s’exporte facilement. Et puis c’est fun, un coup d’Etat. C’est un peu comme au Paléo : on y croise des vieux potes, on porte des habits affreux, on peut gueuler comme des cons et on se bouscule pour aller tout devant. Bamboulé !

Apparemment, le facho de base s’emmerde un peu. Alors il bouffe du complot, il met son costume de victime, il combat des chimères, il s’offusque des « wokes », il s’époumonne sur un point médian, il craint les vélos, il se pâme devant les milliardaires et les tyrans, il tweete tout son saoul et il jette rageusement son masque à terre. Puis il sort en famille pour détruire l’imprimante d’un assistant parlementaire, et il se prend en selfie devant son exploit.

Oui, l’extrême droite fait bien pitié. Mais bon, à quoi pouvait-on s’attendre, au juste ?


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