Vendredi 3 mars 2023
Edito
Séverine André
Liquide ou espèces ?
S’il est un certain nombre de trucs qui s’apprécient secs – le saucisson, le whisky, les chaussettes de l’archiduchesse – il en est pour lesquels un degré d’humidité est requis. Ainsi de la neige, des bains moussants et… de la vie sur Terre, entre autres exemples.
Si la sécheresse qui frappe l’Europe depuis des mois a des conséquences terribles sur à peu près tout, elle ne se répercute que faiblement sur le moral des Suisses. C’est du moins ce que laisse supposer le troisième sondage de Tamedia en prévision des élections fédérales d’octobre.
Selon ce dernier en effet, le réchauffement climatique n’arriverait qu’au cinquième rang de nos préoccupations ! Loin derrière les coûts de la santé (67 %), la prévoyance vieillesse et les rentes (55 %), la migration et l’immigration (48 %) et l’approvisionnement en énergie (46 %).
Et, plus grave, ce même sondage révèle une prise de distance des sondés vis-à-vis de la crise climatique au cours des six derniers mois. Ainsi, les personnes invoquant le sujet comme « l’un des problèmes les plus urgents » seraient passées de 56 à 43 %, alors même que la situation, déjà compromise, n’a fait qu’empirer.
Notre rapport à la crise climatique rappelle curieusement cette fable célèbre dans laquelle une grenouille, gogeant dans une eau dont la température n’augmente qu’imperceptiblement, se laisse ébouillanter sans bouger une oreille. Prisonnière d’une habituation funeste, la pauvre bête n’est plus en mesure de voir sa fin approcher. Peut-être en va-t-il des humains comme des grenouilles. Les résultats des élections d’octobre confirmeront ou infirmeront cette hypothèse concernant notre espèce. Pour ce qui est des grenouilles en revanche, mieux vaut attendre un peu : ce n’est vraiment pas le moment de faire n’importe quoi avec l’eau.