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Numéro 573

Vendredi 7 avril 2023

Edito

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Séverine André

Crédules Suisses

L’annonce du rachat de Credit Suisse par UBS ou, plus exactement, l’annonce des sommes engagées par la Confédération dans le cadre de ce sauvetage a suscité passablement de réactions. Au-delà des sentiments de colère, d’insécurité et de peur mises en évidence par un sondage SSR, c’est l’impression d’injustice qui domine. Et ce d’autant que le Conseil fédéral, brandissant le spectre d’un déséquilibre du budget de la Confédération, annonce maintenant des coupes dans la prévoyance sociale. Heureusement, les deux choses ne sont pas directement liées. Si on nous avait proposé de voter sur un objet du type  « serrer la ceinture aux pauvres pour sauver la deuxième plus grosse banque du pays », nul doute qu’on aurait sauté au plafond, mis les pieds au mur. Mais ça ne s’est pas passé comme ça puisque, rappelez-vous, les événements se sont déroulés dans l’ordre inverse : d’abord on nous a dit qu’on sauvait Credit Suisse et, ensuite seulement, qu’on diminuait la prévoyance sociale.

Et, de toute façon, on ne nous a pas demandé notre avis.

Rétrospectivement, le sauvetage de Credit Suisse nous pousse à reconsidérer tout un tas de trucs. L’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, par exemple. Nous eût-on présenté la réforme de l’AVS comme un moyen de participer au sauvetage de Credit Suisse, aurions-nous consenti (et encore, le mot est fort) à pareil sacrifice ? Mais de nouveau, pas d’amalgame : les deux choses n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Nous autres néophytes aurions tôt fait de tout confondre. Il est important de bien distinguer le budget de la Confédération – manne providentielle d’où jaillissent, par gerbes, des billets de toutes les couleurs – du budget de la Confédération, cette mince enveloppe, cette peau de chagrin, ce minuscule pécule si durement acquis dont l’équilibre sans cesse menacé requiert la vigilance constante de nos autorités.

Une fois qu’on a compris ça, les sentiments de peur, de colère, d’insécurité et d’injustice disparaissent… comme par magie.

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