Tour de vice

Suintant la vulgarité et bouffi d’orgueil, il voue un culte à l’argent et au pouvoir qu’il lui procure, étalant le pactole dont il a hérité en édifices clinquants, surchargés de dorures lourdingues. Il est profondément inculte. Il incarne l’arrogance des nababs dont il est la tête de paon.

Il fraude et ment sans vergogne. Le monde entier a pu l’entendre, au téléphone le 2 janvier 2021, presser le secrétaire d’Etat de Georgie de falsifier le résultat des votes en sa faveur. Et quatre jours plus tard on a vu ses troupes lobotomisées à coups de bobards prendre d’assaut le Capitole, morts et blessés à la clé. Il est prêt à torpiller la démocratie pour satisfaire son ambition. Il est aussi, dans l’actuelle perception des comportements libidineux, un porc.

Toute la planète l’a entendu s’en vanter : « Quand on est une star, on peut choper les femmes par la chatte, faire ce qu’on veut. » Et il est inculpé pour avoir, avant son élection en 2017, acheté le silence de ses proies adultérines, dont une actrice porno.

Et pourtant, paradoxe sidérant, les mouvances évangéliques les plus strictes le suivent et l’appuient. Comment les fous de la Bible peuvent-ils le soutenir alors qu’à l’évidence, dans leur logique puritaine comme dans celle des calembours éculés mais inéluctables, Satan l’habite ?

Réponse connue : Trump a inventé la vérité alternative. Les chrétiens étroits, ceux qui aiment Jésus, le drapeau et les armes à feu, ignorent tout simplement les turpitudes de leur idole : ils ne s’informent qu’aux sources ultraconservatrices qui les passent soigneusement sous silence. Des prêtres y poussent, vouant aux gémonies tous les autres médias, accusés de répandre des fake news. Ainsi des millions de fidèles par nature révulsés par l’idée de péché défendent-ils avec ferveur un débauché lubrique et cynique.

On en conclut deux choses. De un, sans appréhension objective de la réalité et donc sans information plurielle, la démocratie vacille. De deux, le Malin est vraiment très fort.