Vendredi 28 avril 2023
Edito
Jean-Luc Wenger
Les golfs sont chauds patate
En avril, va planter des pommes de terre sur les terrains de golf, dira peut-être le dicton. Ce mois, quatre greens de Suisse romande ont été « vandalisés ». Lausanne, Cologny (GE), Payerne (VD) et Vuissens (FR) ont été la cible du mouvement « Grondement des terres ». Les militants du climat ont labouré le gazon et y ont sprayé quelques slogans. Sûr que les clubs auront les moyens de déterrer patates et topinambours. Le collectif se félicite d’avoir planté des légumes et souligne que le golf est l’un des sports les plus polluants au monde, les terrains occupant plus d’espace au sol que tous les parcs publics de Suisse.
Depuis ces événements, les directeurs de ces aires de jeu pour nantis se font entendre dans les médias. « La discipline a déjà bien perdu de son caractère élitiste », affirme un dirigeant de la Fédération dans Le Temps (19.4). N’empêche qu’il faut compter 25 000 francs à fonds perdus pour une inscription dans certains clubs, en sus de la cotisation annuelle.
« Nous utilisons de moins en moins de produits phytosanitaires », poursuit-il. Ils ne seront plus utilisés en 2030. « Mais cela pourrait être plus tôt, notamment si on nous y oblige… » Ne vient-il pas de donner la solution ? Selon lui, il est faux de croire que les golfs gaspillent de l’eau. On boirait presque ses paroles.
L’ancien conseiller d’Etat neuchâtelois Fernand Cuche a remis la balle au fond du dix-huitième trou en rappelant que les pelouses des golfs occupent des terres autrefois très favorables à l’agriculture. Le toujours Vert et sage écrit : « Ces terres nourricières, plates, fertiles, sont choisies aussi pour leur exposition au soleil, une profonde couche de terre végétale et la possibilité de capter de l’eau. » Il évoque également la tonte suivie du terrain, l’arrosage, l’apport en engrais et, bien sûr, l’utilisation de produits phytosanitaires.
La désobéissance civile pacifique a le mérite de nous rappeler l’urgence.