Vendredi 5 mai 2023
Edito
Sebastian Dieguez
Maudet et pompon
Les électeurs genevois sont admirables. On espère que les autres cantons, et même le reste du monde, en prendront de la graine. Le message est clair : oui, tout le monde a droit à une deuxième chance. Et dans le cas de Pierre Maudet, une troisième, une quatrième, et allez une cinquième chance !
C’est vrai ça, on sait bien que le monde politique est cruel et semé d’embûches. Ainsi, qui n’a jamais accepté la moindre invitation douteuse pour assouvir sa passion de la Formule 1 ? Qui n’a jamais fait bénéficier ses amis libanais de passe-droits ? Qui n’a jamais été condamné par le Tribunal fédéral ? Hein ? Et qui peut se prévaloir de ne jamais avoir procédé au moindre arrangement discret avec Uber ? Ou de n’avoir jamais vanté les vertus de la responsabilité individuelle tout en s’accordant une rente à vie à 44 ans ? D’ailleurs, qui n’a jamais fait un tout petit peu souffrir ses collaborateurs au travail ? Et qui n’a jamais été tenté par une petite soustraction fiscale par-ci par-là ? Bon, vous voyez bien, ce serait sacrément hypocrite de lui jeter la pierre, à Pierre Maudet, quand absolument tout le monde souffre des mêmes petits défauts.
Et puis quoi ? Allait-il simplement passer à autre chose, notre animal politique, juste comme ça ? Trouver un job, pendant qu’on y est ? Grotesque ! Tout le monde sait que Pierre Maudet ne peut exercer qu’une seule fonction : celle de Pierre Maudet. Et a-t-on déjà vu la moindre société humaine fonctionner efficacement en se passant de Pierre Maudet ? Impossible !
Il n’y avait donc pas d’autre issue, et le peuple genevois, dans sa grande sagesse, l’a bien compris : il lui fallait Pierre Maudet. Encore. A nouveau. Pour toujours. Oui, que vous soyez voleur de mobylettes, dealer, sans-papiers, pauvre, surendetté, femme battue, toxicomane, à l’assurance invalidité ou Pierre Maudet, tout le monde a droit à tout plein d’autres chances dans la vie. C’est une question de liberté, et même de justice sociale.