Vendredi 19 mai 2023
Edito
Stéphane Babey
Des centaines de trains de retard
En Suisse, il n’y a pas tellement de motifs de réjouissance nationale. Notre pays est modeste à bien des égards et il faut aller chercher la grandeur dans les montagnes. Notre réseau ferroviaire fait figure d’exception. Voilà bien une infrastructure que l’on peut nous envier loin à la ronde. La Suisse est une contrée de trains par excellence et son réseau est d’une qualité rare.
Mais la situation se dégrade malheureusement. Et les CFF commencent à connaître des problèmes qu’on croyait réservés à des pays dans lesquels le réseau a été revendu à des opérateurs privés, pour des résultats catastrophiques. Là où la logique du marché et la gestion favorisant les rendements se sont imposées, les transports publics souffrent de graves problèmes d’entretien et d’investissement. Il est donc particulièrement étonnant de découvrir des problèmes semblables ici, alors que ce sont les autorités qui chapeautent le tout.
Les couacs ayant amené au fiasco du chantier de la gare de Lausanne (tels que révélés dans l’excellent reportage de Temps présent du 11.5), qui paralyse toute la Suisse romande, sont clairement dus à des soucis de gestion qui remontent au plus haut niveau de l’Etat. Les CFF ne sont pas seuls responsables de la gabegie. L’Office fédéral des transports et le Conseil fédéral semblent également complètement dépassés.
Et évidemment, comme toujours en Suisse, il y a une composante inégalitaire dans le traitement des passagers. Les Alémaniques sont bien mieux lotis. La gare de Zurich a été rénovée et agrandie trois fois depuis 1960, celle de Lausanne, nœud du réseau ferroviaire romand, zéro fois…
La légendaire efficacité de la Suisse en matière de trains est sérieusement mise à mal. Et alors que les transports publics sont primordiaux pour réduire la pollution, il est désolant que les CFF aient pris autant de retard. Le train de la lutte contre le réchauffement, lui, n’attend pas.