top of page
  • Noir Icône Instagram
  • Noir Facebook Icône
Numéro 580

Vendredi 26 mai 2023

Edito

7d3e017e-43cb-4fe2-a045-e3bffd0626d4

Laurent Flutsch

L’amour de l’apathie

La Suisse bucolique, ses paysages verdoyants et ses cimes étincelantes, c’est bon pour la réclame touristique. Bon aussi pour la communication racoleuse d’un certain parti politique où les edelweiss fleurissent sur les chemises. Un petit pays idyllique, paradis de la nature ? C’est plus faux que nature.

En réalité, 17 % des espèces animales y sont au bord de l’extinction, 16 % sont vulnérables. Total : un tiers de la faune, dont la population a subi une forte baisse durant la dernière décennie. Ce ne sont pas des activistes enragés qui l’affirment, mais le très raisonnable Office fédéral de l’environnement. Fondés sur des données solidement étayées, ses récents rapports montrent qu’en matière de sauvegarde de la biodiversité, la Suisse est de loin la plus nulle du continent : la part territoriale des espaces naturels préservés y est deux fois moindre qu’ailleurs, et leur protection est loin d’être parfaite. Bien plus que dans les autres pays d’Europe, la nature subit par ici des dégâts inquiétants, avérés et mesurés, largement imputables à trois calamités principales : le bétonnage, les pesticides et une désespérante inertie politique.

Il y a 30 ans, la Confédération entendait suivre le programme européen Natura 2000, qui prévoit 30 % de surfaces protégées en 2030. Elle n’en a pas même atteint le tiers, et plus rien ne bouge. Il y a 25 ans, elle projetait résolument de réduire la liste rouge des espèces en danger. Rien n’a été fait.

La biodiversité absorbe et atténue pourtant les effets du dérèglement climatique, assure la pollinisation agricole, garantit les équilibres naturels. Ce n’est pas un gadget. Son effondrement serait désastreux. Toute extinction d’espèce entraîne des conséquences en chaîne, fragilisant des écosystèmes complexes et vitaux. Seule une espèce peut disparaître bénéfiquement : celle des mollusques extrêmement nuisibles qui siègent à Berne sans aucune volonté d’agir.

bottom of page