top of page
Numéro 582

Vendredi 9 juin 2023

Edito

9caff0b0-ef50-4c65-9465-c6ea42e279bb

Stéphane Babey

L’intimidation ordinaire

Le mini-psychodrame qui s’est joué la semaine dernière au Grand Conseil vaudois en dit long sur la place des femmes dans notre société. La députée Ensemble à Gauche Elodie Lopez a pointé du doigt à la tribune le comportement sexiste du PLR Jean-Luc Bezençon.

Etait-ce le lieu adéquat pour soulever le problème ? Sans doute pas, mais cela a au moins eu le mérite de susciter une remise en question dans les rangs mâles de l’assemblée, après que de nombreux témoignages sont venus corroborer les dires d’Elodie Lopez sur le comportement des hommes politiques en général. Après quelques jours de réflexion, Jean-Luc Bezençon a eu le courage et l’intelligence de reconnaître que son comportement n’avait pas toujours été à la hauteur de sa fonction.

De quoi parle-t-on ? Des petits riens en apparence. Une attitude paternaliste, des remarques sur le physique, des allusions salaces, des collègues féminines qu’on qualifie de « petit chat ». Au premier abord, pas de quoi fouetter un chat, même petit. Le problème, c’est que le Parlement est le saint des saints de notre démocratie. Le lieu où se définissent les grandes lignes de la société dans laquelle nous vivons. Ses membres, qui représentent les électeurs qui ont voté pour eux, doivent pouvoir débattre dans le respect et sur un pied d’égalité.

Dans ce contexte, l’attitude patriarcale de certains politiciens est une forme d’intimidation portant le message que l’avis des femmes est négligeable dans le débat public. Le Parlement est une arène dans laquelle les idées s’affrontent. Un ring sur lequel on reçoit parfois des coups. C’est la règle du jeu. Mais le sexisme est un coup bas, qui permet d’obtenir indûment l’avantage en déstabilisant l’adversaire. Les hommes qui en usent ne se rendent pas seulement coupables de manque de respect envers leurs consœurs, mais également envers les électeurs et les institutions.

bottom of page