Enfumage et achat d’influence

24 heures et la Tribune de Genève (13.10) ont révélé que le cigarettier Philip Morris International (PMI) avait financé en partie la campagne des partis de droite pour les élections fédérales de ce dimanche. UDC et PLR se sont ainsi partagés 70 000 francs. Le fabricant de clopes états-unien, dont le siège est à Lausanne et le centre de recherche et développement à Neuchâtel, soigne son soutien politique à la noble cause du tabac.

Nouvelle loi sur la transparence oblige, PLR et UDC ont dû déclarer l’origine de ces 35 000 francs, un montant excédant le seuil de 15 000 francs. Si les autres partis n’ont rien, c’est qu’ils ont refusé de demander l’aumône à PMI.

Par le passé, le groupe arrosait généreusement les cantons et les communes qui hébergent ses activités. C’est encore le cas via l’impôt. Avec des autorités régionales favorables à la défense du poison et la présence d’élus à Berne peu regardants sur les méfaits pourtant connus, les cigarettiers peuvent respirer.

A noter que le président de la faitière Swiss Tobacco est le conseiller national Gregor Rutz (UDC/ZH). Quant au secrétaire général de Swiss Cigarette, Martin Kuonen, il est accrédité au Palais par le conseiller national Philippe Nantermod (PLR/VS). Ce dernier ne voit aucun problème à discuter de la loi résultant de l’initiative votée par le peuple en 2022 « Enfants sans tabac ». En septembre, le lobby a réussi à préserver ses intérêts en trouvant une majorité pour faire passer un texte le moins contraignant possible, alors que le Conseil fédéral proposait une application stricte de l’initiative. Le Conseil des Etats a donc renoncé à interdire complètement la publicité pour le tabac accessible aux enfants. Au nom de la liberté économique, la droite a plaidé pour des dispositions mesurées. Etonnant, non ?

Il y a vingt ans, une enquête révélait que Margaret Thatcher, devenue consultante de Philip Morris en fin de carrière, touchait 250 000 dollars par an. Oui, PMI sait récompenser ses amis.