Le sursaut de la stupidité

Dans un article astucieusement titré « Les jeunes en bataille genrée », La Liberté du 24 octobre expliquait que l’élection présidentielle aux Etats-Unis présente une différence d’opinion politique en fonction du sexe d’une ampleur encore jamais atteinte. Les hommes se regroupent en majorité derrière Donald Trump, hypermâle accusé de multiples viols et se vantant « d’attraper les femmes par la chatte », opposé à l’avortement et incarnation d’une vision masculiniste et patriarcale de la société. Tandis que les femmes soutiennent en masse Kamala Harris, championne du droit à disposer de son corps et adepte du mouvement #MeToo.

Parallèlement, en France, Gérard Depardieu s’est prudemment fait porter pâle à son procès pour agressions sexuelles, tandis que les audiences de l’ignoble affaire de Mazan voient s’opposer la digne Gisèle Pélicot aux plus de cinquante hommes veules qui l’ont violée dans son sommeil à l’invitation de son mari dégénéré.
Et on ne parle même pas de ce qui se passe en Iran ou en Afghanistan. Assurément, tous les signes d’une guerre des sexes se déroulant à l’échelle du monde sont réunis.

Ce conflit ne date certes pas d’hier. Mais il a atteint un niveau d’exacerbation inédit. Comme si les progrès vers l’égalité réalisés ces dernières décennies, modestes mais réels en Occident, avaient provoqué un choc en retour, une tentative du patriarcat pour conserver sa mainmise sur le monde. Un peu partout, le fascisme opère un retour en force, s’appuyant sur les valeurs masculines de brutalité et de domination. En toile de fond de tous les régimes autoritaires et populistes à travers la planète, de Vladimir Poutine à Viktor Orbán et de Xi Jinping à Kim Jong-un, figure la remise au pas des femmes.

C’est le pouvoir masculin qui a amené notre civilisation au bord du gouffre. Ne serait-il pas temps de changer d’orientation et d’essayer quelque chose de nouveau et de plus féminin ? De moins stupide, en somme ?