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Numéro 648

Vendredi 17 janvier

Edito

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Sebastian Dieguez

Mal à la tech

On les aimait bien, au début. Des petits génies, moches et boutonneux, qui trouvaient l’idée du siècle dans un misérable garage, changeant la face du monde contre toute adversité, faisant plier l’ordre établi par la candeur de leur enthousiasme. Tout en gardant, Dieu merci, leur fraîcheur juvénile, leur garde-robe ringarde et leurs idéaux révolutionnaires, malgré les milliards s’accumulant dans leurs coffres ! Ah, le mythe de l’auto-entrepreneur disruptif et surintelligent, on peut dire qu’il a pris un sacré coup…

C’est pas de chance : finalement, c’étaient juste des nazis. A croire que même le grand capital finit par s’aligner sur les idées réactionnaires et fascistes quand celles-ci prennent le pouvoir. Quelle déception ! D’ailleurs, si ça se trouve, et ce serait encore plus décevant, ils étaient ainsi « alignés » depuis le début. Ces géants de la tech, les Elon Musk, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Peter Thiel, Sam Altman et les autres, se sont-ils vraiment « couchés » devant Trump et ses affidés, dans un contexte politique où leur juteux business courait le risque d’être entravé ? Si c’est le cas, ils l’ont fait avec un empressement qui fait froid dans le dos. Ils devaient vraiment être en très grand danger !

Non, il semble plus plausible d’envisager que l’on s’est grandement mépris sur la nature profonde de ces gars fantasques en sweat-shirt difforme. Ce ne sont ni des inventeurs, ni des génies, ni des disrupteurs, ni même des entrepreneurs. Ce sont juste des tocards sans intérêt, dépourvus de toute compréhension de leur propre insignifiance, dénués du genre de vie mentale qui permet d’avoir des scrupules et d’accéder, même vaguement, à quelque chose qu’on pourrait appeler du courage, de la dignité, une vision ou simplement de l’humanité. Ils finiront bien par mal finir, car même leurs admirateurs sont en mesure de comprendre que rien ne justifie ni l’existence, ni l’influence, ni la fortune, ni le pouvoir d’une telle poignée de minables irresponsables. Qu’ils y retournent, à leur garage.

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