
Vendredi 7 février
Edito

Séverine André
Avis aux armateurs
Avec les dangers immenses dont elle doit protéger le territoire national en temps réel – terrorisme, catastrophes naturelles, guerre, cyberattaques – l’armée suisse ne cesse d’aiguiser ses compétences et son expertise. Dernièrement pourtant, la délégation des finances du Parlement pointait sa légèreté dans plusieurs dossiers. Retard dans l’acquisition du système de surveillance de l’espace aérien, risque d’échec du projet de remplacement des systèmes de télécommunication, gabegie dans l’acquisition des drones israéliens ; bref, le bilan n’est pas reluisant.
Vendredi 31 janvier, Viola Amherd était conviée à Berne pour s’expliquer. Une situation qui aurait pu s’avérer extrêmement inconfortable si les responsables de ces approximations ne disposaient pas d’une excuse sur mesure. Cette excuse ? La complexité des questions auxquelles leur fonction les expose, mais aussi leur naïveté. Dans une intervention diffusée le même jour, Urs Loher, chef d’armasuisse en charge de l’achat du matériel, revenait sur des choix pas très stratégiques : « Nous ne devons pas être trop crédules. Nous l’avons surtout constaté dans le projet ADS 15 [les drones israéliens, ndlr], nous étions trop crédules au début de l’acquisition. Nous partions du principe, sur la base des informations disponibles à l’époque, que les adaptations seraient réalisables sans problème […]. A l’avenir, nous devrons remettre en question les promesses des fournisseurs de manière encore plus critique. »
Sacré coup dur pour les pays qui avaient pris l’habitude de nous refiler tout et n’importe quoi pour des montants astronomiques. Les responsables ont maintenant compris que le monde est un endroit hostile où certaines personnes sont prêtes à tout – même à mentir ! – pour vous rouler dans la farine et arriver à leurs fins. Que les bonimenteurs et les escrocs se le tiennent pour dit : l’armée suisse ne sera plus le dindon de leur méchante farce !