C’est tout ski compte

La Suisse est-elle à la hauteur des grands enjeux internationaux et civilisationnels qui se dessinent actuellement ? Nos édiles prennent-ils conscience du redécoupage imminent de l’ordre mondial et de ses inévitables conséquences à moyen et à long terme ? Mesure-t-on, dans notre beau pays, à quel point les catastrophes qui se profilent et la possibilité d’une chute dans l’obscurantisme et l’arbitraire ne sont plus des scénarios fantaisistes, mais des échéances bien concrètes qu’il faut impérativement prévenir, à défaut de devoir y réagir ? A-t-on seulement une sorte de plan, ou au moins quelques idées créatives, pour ne pas dire un réservoir suffisant d’audace, d’honorabilité et de décence, pour empêcher que nous ne basculions à nouveau, avec nos partenaires européens, dans la nuit et l’abjection ?

Non, mais on a le ski ! Youhouuu, on gagne des descentes à skis ! Hop Suisse ! Aaah, ça fait du bien ! Comparé aux autres pays qui s’intéressent aussi à la glissade sur des pentes neigeuses, le nôtre tire cette année son épingle du jeu, ce qui signifie que nos vaillants représentants en costume moulant arrivent plus vite en bas de la piste. Alors bon, pour ce qui est de l’ordre mondial, du nazisme et tout ça, on verra plus tard, merci. Pour le moment, on récolte les médailles ! Si ça se trouve, ça servira sûrement à quelque chose un jour. Et puis, au besoin, on a Karin Keller-Sutter et l’UDC pour nous sauver si vraiment ça tourne mal. Ils ne nous laisseront jamais tomber !

Face aux fascistes, aux fondamentalistes, aux nihilistes de la tech, aux apôtres de la violence, de l’impérialisme sans limites, de la corruption éhontée, du bras tendu décomplexé, du virilisme haineux, de la bêtise arrogante et triomphante, il suffit d’attendre un peu que ça se tasse, de voir comment ça évolue, de serrer les dents un moment, au besoin de les flatter un peu pour ne pas les fâcher, et surtout de profiter de la neige et des victoires, tant qu’il y en a. Vers l’avenir, tout schuss !