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Numéro 659

Vendredi 4 avril

Edito

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Laurent Flutsch

Problèmes d’infiltration

Personne ne les a élus. Pourtant ils occupent les arcanes du pouvoir. Ils y sont même omniprésents. Ils ne travaillent pas pour les citoyens, mais pour des organisations privées en quête de profit financier.

Le peuple étant prompt à se sentir floué, ils ne tiennent pas à ce que ça se sache trop. A une transparence gênante ils préfèrent l’ombre propice. Là, ils peuvent tirer toutes sortes de ficelles. Ils arrosent des formations politiques ainsi rendues dépendantes et conciliantes. Ils financent des campagnes, distribuent des prébendes aux élus obligeants. Ils dictent des interventions parlementaires, appuient ou réprouvent des projets de lois, émettent des recommandations de vote. Ils tissent des réseaux, ciblent, orientent, pèsent sur les débats. Berne est une zone de haute pression… Et tout ça au profit, donc, d’intérêts pécuniaires privés.

En Calabre ou en Sicile, on parle de système mafieux. En droit, on dit « trafic d’influence » : un délit caractérisé, qui s’inscrit dans une notion plus large nommée « corruption ». En Suisse, on ne dit rien. Juste « lobbying ». On trouve ça parfaitement anodin. Opportun, même.

De toute façon, l’article 161 de la Constitution stipule clairement que « les membres de l’Assemblée fédérale votent sans instructions ». Et les politiques clament, menton haut et main sur le cœur, qu’ils s’y tiennent absolument et vertueusement : jamais, au grand jamais ils ne cèdent aux pressions des lobbys. Ils ne songent qu’à leur mission civique et au bien de la population. C’est évident, voyons ! Alors où est le problème ?

Le problème, c’est tout simplement que si c’était vrai, il n’y aurait pas de lobbyistes à Berne. A quoi bon ? Le secteur privé ne financerait pas non plus certains partis, ni n’embrigaderait des élus. Et les formations politiques concernées (à droite) annonceraient en toute transparence tous les montants palpés ; or elles s’y refusent. Le problème, autrement dit et en résumé, c’est que les citoyens sont un peu pris pour des cons.

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