
Vendredi 11 avril
Edito

Stéphane Babey
La lèche, ça a eu payé
Karin Keller-Sutter, en véritable héroïne, s’était sacrifiée en février au nom du Conseil fédéral. Rappelez-vous. Lorsque J.D. Vance était venu à Munich déverser sa bile biblico-fascisto-capitaliste sur des Européens médusés, la conseillère fédérale PLR avait accueilli ce tombereau d’immondices avec bienveillance. La ministre des Finances avait tenu à tout prix à reconnaître des valeurs suisses dans la rhétorique nazie du vice-président états-unien.
Ce baissage de froc indigne, cette humiliation consentie, nous expliquaient quelques rares ténors PLR ayant l’indécence de soutenir une telle démarche, avait un but bien précis : inciter Donald Trump à se montrer clément avec l’insignifiante petite Suisse. Si le maître du monde ne voit dans notre pays qu’un mignon et inoffensif chihuahua édenté, peut-être qu’il l’épargnera ?
La semaine passée, lors de l’annonce des taxes douanières concoctées par le quarteron de sous-doués de l’économie qui règne sans partage à Washington, incroyable surprise : la Suisse en prend plein la gueule ! Encore pire que l’UE… Qui l’eût cru : ramper comme un ver de terre devant le plus puissant crétin égocentrique que la Terre ait jamais porté n’a en rien infléchi le tragique destin des Helvètes… Quelle guigne, tout de même ! Ah oui, c’était vraiment complètement imprévisible…
Il serait peut-être temps que nos dirigeants cessent de se rouler dans la boue comme des bons chiens-chiens pour complaire aux pires ordures de cette planète. Nos élus ont un devoir de représentation du peuple suisse. Le patriotisme, ce n’est pas juste applaudir lorsque l’équipe suisse de foot marque un but. C’est surtout affirmer que les valeurs helvétiques n’ont rien à voir avec les dictatures en tout genre, la négation de l’humanisme, le rejet de la solidarité, l’anéantissement de la démocratie au profit de quelques hypermilliardaires. Si la présidente de la Confédération pouvait s’en souvenir avant la fin de son mandat, ce ne serait pas de refus.