
Vendredi 2 mai
Edito

Sebastian Dieguez
Va te faire maître
Entre Elon Musk qui promet de se retirer des affaires publiques et Klaus Schwab qui barbote, comme on dit, « dans la tourmente », on note qu’il y a comme du changement dans les sphères célestes d’où l’on tire les ficelles. Et si « maître du monde » n’était qu’un bullshit job comme les autres ?
Non que ces grands hommes soient menacés par les affres du burn-out ou du syndrome de l’imposteur, évidemment, mais il y a bien un moment où une toute petite lueur de lucidité doit pénétrer leur inviolable carcasse d’autocomplaisance. Dans ces infimes intervalles, se demandent-ils à quoi ils servent exactement, et ce qu’ils prétendent accomplir avec leurs grotesques gesticulations ? Mais bon, le plus souvent, ils tombent tout simplement parce qu’ils n’y trouvent plus leur compte, ou qu’un scandale débile les a rattrapés.
Quoi qu’il en soit, on aurait tort de se réjouir. Le problème avec les maîtres du monde, c’est qu’ils ne sont pas aussi irremplaçables qu’ils le pensent. Si seulement ! Hélas, n’importe quel psychopathe narcissique totalement incompétent peut faire l’affaire, dans ces milieux. Rien que pour avoir envie de faire une connerie comme un « forum mondial » ou de gérer un « département d’efficacité gouvernementale », il suffit d’être sacrément ravagé du ciboulot et de n’avoir aucune idée des merveilles qu’un individu normal peut réaliser avec juste un peu de temps libre et de talent.
Mais soyons optimiste. Peut-être que « maître du monde », ça a eu payé, mais plus tant que ça. Peut-être qu’au bout du compte, le pouvoir c’est juste chiant. Et peut-être que ça n’a jamais eu tellement de sens de mettre en lumière les personnes qui précisément cherchent la lumière. Peut-être, d’ailleurs, que « maître du monde », c’est aussi ringard que ces méchants de James Bond planqués en col mao dans leur repaire secret à la con. Tout le monde se porterait probablement mieux avec moins de Zorglubs et plus de Champignacs...