Populisme chronique

Le 19 août dernier, s’exprimant devant un parterre d’ambassadeurs et le ministre des Affaires étrangères italien, Ignazio Cassis affirmait que « le populisme n’est pas une maladie ». Et précisait que le terme « populisme » est utilisé de manière condescendante par « les élites et les médias » pour disqualifier ce « vent du changement » qui nous conduirait vers la « phase suivante » (mieux vaut ne pas trop se demander de quoi il parlait).

En février déjà, à la suite des éructations du vice-président américain J.D. Vance, Karin Keller-Sutter nous avait sorti que « c’était un discours très libéral, il était dans un certain sens très suisse lorsqu’il dit qu’il faut écouter la population ».

Comment expliquer de tels propos ? Il est possible que Cassis et Keller-Sutter soient de fins diplomates qui usent stratégiquement d’une rhétorique subtile afin de manipuler des adversaires idéologiques. Possible, mais peu probable. On peut plus charitablement envisager que Cassis et Keller-Sutter sont parfaitement sincères : ils sont populistes, ils l’assument, et ils admirent les régimes autoritaires. Et pourquoi pas ?

En effet, qu’est-ce que ça leur coûte de flatter gratuitement un peuple fantasmatique dont ils n’ont de toute façon rien à craindre ? Qu’auraient-ils à gagner en se lançant dans des arguties pédantes sur les dangers du populisme ou même du fascisme, du totalitarisme ou du nazisme ? Ne se conçoivent-ils pas eux-mêmes comme une partie du bon « peuple » vertueux, luttant sans relâche contre des « élites » aussi corrompues qu’imaginaires ? Imagine-t-on ces deux planqués de la Coupole mettant en garde leurs homologues étrangers, et leurs propres citoyens, contre l’exploitation cynique du ressentiment, de la haine, de la diabolisation, du chauvinisme et de l’ignorance, qui est le propre du populisme ?

Allons donc, ce ne serait pas « très suisse ». Reste à savoir s’il est bien prudent, pour nos deux PLR fédéraux, de se fier à ce point au « peuple ». Ils pourraient être surpris…