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Numéro 679

Vendredi 1er octobre

Edito

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Stéphane Babey

L’État arrose l’étranger

La Poste est une société anonyme appartenant à la Confédération. Swisscom est une société anonyme appartenant à 51,2 % à la Confédération. Ces deux entreprises d’État occupent des rôles stratégiques dans le fonctionnement du pays tout autant qu’elles sont des rouages indispensables de l’économie suisse. En toute bonne logique, on s’attend donc à ce qu’elles soient protégées de l’influence extérieure et qu’elles participent à la prospérité helvétique.

On tombe donc de sa chaise en apprenant que la première va créer 200 emplois au Portugal tout en en supprimant autant ici, et que la seconde va délocaliser jusqu’à 1400 postes aux Pays-Bas et en Lettonie. Le secteur touché est le même dans les deux entreprises : l’informatique.

On peut parler de coup de génie pour Swisscom : alors que la situation ne cesse de dégénérer en Europe, déplacer un domaine aussi crucial que l’informatique aux frontières de la Russie, nation hostile championne du monde du hacking et engagée dans une guerre hybride avec l’Occident… Bon, vous me direz que les ingénieurs lettons, aguerris aux attaques de Poutine, sont sans doute meilleurs en protection des serveurs que les Suisses. Mais si les pays baltes sont phagocytés par la Russie, comme elle menace constamment de le faire depuis que le cinglé du Kremlin est aux commandes, notre belle entreprise de télécoms à la pointe de la technologie cessera tout simplement de fonctionner sans son support informatique situé en pays ennemi.

Mais pas besoin de se plonger dans des abîmes de politique-fiction pessimiste pour trouver cette décision scandaleuse. Swisscom est une entreprise largement bénéficiaire (1,54 milliard de francs en 2024). Toutes les personnes abonnées chez le géant bleu le savent : si les services sont bons, les prix sont très élevés. Les clients sont en droit d’escompter que cet argent profite à des salariés en Suisse. C’est la moindre des choses qu’on puisse attendre d’entreprises contrôlées par l’État.

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