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Numéro 681

Vendredi 17 octobre

Edito

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Sebastian Dieguez

Souvenirs d’en France

Rien ne va plus avec la France. Bon, on a évidemment l’habitude, mais à présent on dirait que rien ne va plus d’une façon inédite, comme si on assistait à une nouvelle sorte de dysfonction. Pour le moment, cela reste un sentiment vague, mais on peut tout de même le mesurer à un facteur tout à fait objectif : la France ne nous sert même plus de repoussoir.

Dans le temps, on se marrait bien avec les Raymond Barre, les Mitterrand, Chirac, Le Pen, Sarkozy, Juppé, Jospin, toute la ménagerie des anciens qui se chamaillaient sur fond de grèves, de manifs et d’émeutes. On pouvait dire, et on ne s’en privait pas, ah ah ! regardez la France, vous avez vu ces incapables, c’est ça que vous voulez pour chez nous, hein ? Et franchement, ce n’était pas un mauvais argument, dans la mesure où tout le monde pouvait s’en servir.

On regardait la France un peu comme on mate un documentaire sur un tueur en série : c’est sympa à l’écran, mais on n’aimerait pas trop que ça nous arrive.

Mais aujourd’hui ? Comment pourrait-on être rebuté par un truc que l’on ne comprend même plus ? Au moins, avant, c’était simple, il y avait les socialos, les RPR et les fachos, pour reprendre un vieux refrain. Qui peut à présent s’y retrouver dans toutes ces tronches évanescentes, ces partis de circonstance, ces alliances débiles, ces déclarations incohérentes, ces remaniements foireux, ces esclandres manufacturés, ces contradictions incessantes, ces décisions aberrantes ? On parle de « crise », mais généralement on sait au moins en quoi consiste une crise, et on saisit plus ou moins ses causes et ses conséquences. Ici, on ne sait même plus ce qui ne va pas, ni comment ni pourquoi.

Mais si la France est devenue si bizarre qu’il n’y a même plus moyen de s’en défier, c’est peut-être le signe qu’on devrait arrêter d’en rire. Si ça se trouve, dans moins de deux ans, ou peut-être avant, tout redeviendra tellement plus clair qu’on en regrettera l’époque où rien n’allait, comme d’habitude.

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