Stéphane Babey
Edito
Engagez-vous, qu’ils disaient…
Vous aviez prévu de repeindre votre boîte aux lettres, de changer les pneus de votre vélo ou de vous acheter un slip neuf ? Malheureusement, toutes ces folies dispendieuses vont devoir attendre. Le Conseil fédéral a prévu de couper dans absolument tous les postes de son budget, surtout ceux qui peuvent être utiles aux citoyens, comme les crèches, le social, la santé, le soutien à la presse, etc. Autant dire que c’est donc le peuple qui va trinquer une nouvelle fois et devoir par ricochet économiser tout ce qu’il peut.
Pas grave, il a l’habitude, le peuple. De toute façon, l’achat de ce slip neuf, il l’avait déjà reporté avec le COVID, avec l’inflation due à la guerre en Ukraine, et à chaque hausse des primes maladie, c’est-à-dire chaque année. Pour tout dire, il s’y est fait, à son vieux slip troué, le peuple.
Le Conseil fédéral coupe partout ? Presque. Un village d’irréductibles gaspilleurs résiste encore et toujours à l’invasion des économies : l’armée. Qui, miracle, alors que les autres devront se serrer la ceinture à hauteur de 3,5 milliards de francs par année dès 2027, pourra, elle, se goinfrer de 4 milliards supplémentaires ! Ça fait plaisir de voir que ce n’est pas la soupe à la grimace pour tout le monde !
On en déduira assez facilement que les personnes qui désirent malgré tout s’offrir un slip neuf en cette période de disette ont tout intérêt à aller travailler pour l’armée. Ce sera bientôt le seul endroit de Suisse où les gens avec des goûts de luxe pourront assouvir leurs penchants immoraux pour les sous-vêtements non rapiécés. On imagine les montagnes de caleçons de combat camouflés que les militaires vont pouvoir stocker dans leurs bunkers sous les Alpes. Les veinards !
Mais bon, ils l’ont bien mérité ! Alors vive l’austérité ! Et vive l’armée !
Nos hors-séries
Chaque année au mois de décembre, Vigousse publie un numéro hors-série thématique. Intitulé pompeusement Vigousse International, ce supplément grand format aborde des sujets essentiels comme la neige, la religion ou la pandémie avec l’ambition d’en dire le moins de choses sérieuses qu’il est possible.